Un jour, à la fin d'un symposium autour du célèbre film « La Bataille d'Alger » de Pontecorvo, quelqu'un a dit que l'histoire véridique était trop difficile à retrouver (à savoir ce qu'il s'était vraiment passé), il fallait donc la créer (dans le sens d'inventer). J'étais si surpris par cette conclusion anti-historique que je n'ai pu répondre. Nous pouvons faire l'histoire au présent par nos actions, mais ce qui a été fait est fait, et restera historique autant que possible dans la mesure où des historiens sérieux et libres pourront faire leur travail. Max Stirner a dit « Nous ne pouvons être libre de tout, mais nous pouvons tenter de faire nos écrits aussi libres que nous sommes ». Si nous rapportons cette idée à l'Histoire, cela veut dire que ce n'est pas parce que l'histoire est le résultat des recherches faites par des humains qu'elle doit être faussée. L'homme est faillible mais il est aussi perfectible. En tant qu'historien du cinéma, les questions importantes sont de savoir ce qui constitue une archive, (le Mal d'archive de Derrida, qui développe la pensée sur la constitution de la connaissance selon Foucault, intervient très à propos, ici) et comment les utiliser, dans les films en particulier, fiction ou documentaire.